Charles Baudelaire, Théophile Gautier

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Gautier a écrit cet hommage lors de la mort de C. Baudelaire, choqué par le peu d’attention que l’on a accordé à la disparition , à 46 ans, du poète. On oublie trop vite que pour ses contemporains Baudelaire fut un « fou », un  « idiot » , comme l’écrivirent les frères Goncourt. Rares furent, comme Sainte-Beuve,  les admirateurs de sa poésie.

Donc, lorsque deux génies se rencontrent cela donne un livre génial, forcément. Ce n’est pas une biographie ni une hagiographie que Gautier consacre au poète des Fleurs du mal. A bien le lire, on découvre un Baudelaire très différent de ce que l’on pouvait imaginer. Un Baudelaire « filtré » par l’oeil de Gautier, certes, mais un Baudelaire habité par son art. La lecture que Gautier donne de certains poèmes est lumineuse. Au sujet du travail du poète :  » Que serait-ce si nous descendions dans ces limbes où vagissent, avec les ombres des petits enfants, les vocations mort-nées, les tentatives avortées, les larves d’idées qui n’ont trouvé ni ailes ni formes, car le désir n’est pas la puissance, l’amour n’est pas la possession.  La foi ne suffit pas : il faut le don. En littérature comme en théologie, les œuvres ne sont rien sans la grâce. » (C’est moi qui souligne.) J’aime particulièrement l’ idée de Baudelaire « que la poésie n’a pas d’autre but qu’elle-même ».   Il  ajoute:  » […]elle ne peut en avoir d’autre et aucun poème ne sera si grand, si noble, si véritablement digne du nom de poème, que celui qui aura été écrit uniquement pour le plaisir d’écrire un poème. […] La poésie ne peut, sous peine de mort ou de déchéance s’assimiler à la science ou à la morale. Elle n’a pas la Vérité pour objet, elle n’a qu’elle-même. »

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